Guide de développement de l'employabilité à l'intention des étudiantes et étudiants en situation de handicap

Étape 1 : bien vous connaître

Bien vous connaître constitue une étape préalable essentielle à l'intégration en stage ou en emploi. Cette réflexion vous permettra notamment de prendre des décisions éclairées relatives à votre avenir.

Vous êtes une personne unique et vous devez prendre conscience de ce qui caractérise cette unicité! Qu'aimez-vous le plus faire? Qu'est-ce qui a guidé votre choix de programme universitaire? Si l'on demandait à vos proches de vous décrire, que diraient-ils? Voilà autant de questions pertinentes à vous poser. Pour mettre des mots sur qui vous êtes, écoutez le webinaire en orientation du Centre d'aide aux étudiants et faites les exercices.

Ensuite, tentez d'arrimer vos caractéristiques personnelles à vos objectifs professionnels. En débutant votre profil professionnel dans monPortail, vous ferez des liens entre ce que vous connaissez de vous et ce que vous êtes en train d'acquérir comme connaissances et compétences dans votre domaine. Peu à peu, vous serez en mesure d'associer vos intérêts et caractéristiques initiales au projet professionnel que vous poursuivez. D'ailleurs, cette réflexion évoluera tout au long de vos études.

Finalement, votre situation de handicap peut représenter un enjeu supplémentaire. Plus vous serez conscient de vos défis personnels, plus vous apprendrez à anticiper les obstacles et à mettre en place des solutions adéquates dans toutes les sphères de votre vie. Faites les étapes 1 et 2 de l'atelier Réussir son intégration en stage et en emploi du Centre d'aide aux étudiants. Si vous avez du mal à identifier vos facteurs personnels qui pourraient avoir un impact dans votre intégration en stage ou en emploi, n'hésitez pas à rencontrer votre conseiller au Centre d'aide aux étudiants pour en discuter.

Avec la dysorthographie, c’est certain qu’écrire est une tâche complexe pour moi. Je dois prendre le temps nécessaire pour formuler mes phrases et corriger mes fautes en m’aidant de logiciels spécialisés comme Antidote et WordQ. Faire mon CV représente donc une source de stress pour moi. En plus d’avoir de la difficulté à le rédiger, j’ai du mal à identifier les compétences que je possède. Le webinaire en orientation du Centre d’aide aux étudiants m’a permis de prendre conscience que j’ai de bonnes aptitudes relationnelles et que je travaille bien en équipe. Pour m’aider à bien faire ressortir ces forces dans mon CV, j’ai pris rendez-vous avec mon conseiller en emploi au SDP.
J'ai toujours eu de l'intérêt pour les mathématiques et les technologies, et une facilité à résoudre des problèmes. Mon objectif est d'innover dans le domaine de l'informatique. Faire mon profil professionnel m'a permis de prendre davantage conscience de mes forces, c'est-à-dire mon esprit logique et analytique, ainsi que ma facilité à communiquer. Comme je suis paraplégique et que je dois me déplacer en fauteuil roulant, c'est certain que je devrai choisir une organisation en fonction de son accessibilité aux personnes à mobilité réduite et qui, idéalement, possède déjà certains aménagements adéquats (ex. : rampe d'accès, ascenseur, salle de toilette, etc.).

Étape 2 : connaître le marché du travail

Bien connaître le marché du travail vous donnera des avantages certains, notamment :

Meilleure sera votre connaissance du marché du travail, mieux vous pourrez préparer votre insertion professionnelle et mettre ainsi toutes les chances de votre côté. Voici quelques conseils pour commencer.

  1. Renseignez-vous de manière générale sur le marché du travail. Par exemple, lisez le portrait du marché du travail dans votre domaine pour découvrir les principaux titres de postes, tâches et milieux de travail. Vous pouvez aussi consulter les offres de stage et d'emploi dans votre secteur pour connaître les exigences les plus demandées par les employeurs. Par ailleurs, dans ses offres, l'employeur est invité à indiquer si son organisation est accessible aux personnes à mobilité réduite.
     
  2. Discutez avec vos professeures et professeurs, chargées et chargés de cours et collègues de classe ayant déjà de l'expérience professionnelle dans le domaine pour avoir leurs impressions sur les emplois qui vous attendent. Leurs avis viendront compléter les renseignements obtenus précédemment.
     
  3. Prenez rendez-vous avec votre conseiller en emploi au SDP. Par sa connaissance du marché du travail dans votre domaine, vous pourrez déterminer ensemble, en fonction de vos intérêts et de vos compétences, mais aussi en fonction des obstacles présents dans les différents milieux de travail, si certains types d'environnements et de postes vous conviennent mieux que d'autres.
     
  4. En complément, avez-vous envisagé de participer à un programme de mentorat? Il s'agit d'une stratégie gagnante pour bien préparer votre entrée sur le marché du travail! Explorez divers programmes de mentorat au Québec. En développant un lien de confiance avec votre mentor, vous pourrez choisir de lui confier que vous avez une situation de handicap. Si tel est le cas, son but ne sera pas de vous juger ou de vous évaluer, mais bien de vous faire profiter de son expérience. Elle ou il pourrait, par exemple, vous dresser un portrait réaliste des exigences des employeurs ou vous suggérer certains environnements qui cadrent mieux avec vos besoins.
     
  5. Pour bien structurer cette démarche, référez-vous à l'étape 3 de l'atelier du Centre d'aide aux étudiants.

En suivant ces conseils, vous miserez sur vos forces pour choisir un milieu et un type d'emploi qui répondent à vos besoins. De plus, vos exigences seront réalistes par rapport à votre situation. Par exemple, si vous réalisez qu'une équipe de travail stable vous convient mieux, vous déterminerez à l'avance que les firmes de consultants faisant sans cesse de nouveaux contrats ad hoc pour de nouveaux clients ne vous conviennent pas.

J'aimerais travailler en finance dans une grande entreprise. Je me suis toujours vue comme une fonceuse et une bosseuse acharnée. Toutefois, comme j'ai une maladie auto-immune qui entraîne fatigue, douleurs chroniques et courts séjours occasionnels à l'hôpital, je sais que je dois apprendre à diminuer l'intensité de mes activités pour mieux gérer mes symptômes. En me renseignant sur la réalité du marché dans le domaine financier, j'ai découvert que certaines PME et des organismes publics pourraient être mieux adaptés à mes besoins et me permettre de relever des défis intéressants. J'ai pris rendez-vous avec ma conseillère en emploi du SDP pour explorer davantage cette avenue.
Comme je me déplace en fauteuil roulant en raison de ma paraplégie, ma préoccupation première est de trouver un employeur qui offre un environnement de travail accessible aux personnes à mobilité réduite. J'ai consulté les portraits du marché du SDP liés au secteur de l'informatique et les offres d'emploi en sécurité informatique, un domaine qui m'intéresse particulièrement. Cela m'a permis de constater que les environnements de travail étaient souvent accessibles. Toutefois, si le travail exige de faire des déplacements chez des clients, je devrai vérifier au préalable que les environnements sont pour la plupart accessibles et qu'il y a des possibilités d'accommodement.

Étape 3 : anticiper les obstacles et les difficultés

En identifiant les obstacles et les situations de handicap que vous êtes susceptible de rencontrer dans votre futur stage ou emploi, vous déterminerez quelles sont les mesures d'accommodement ou les stratégies à mettre en place pour réussir votre intégration. Vous pourrez ensuite décider s'il est pertinent de dévoiler ou non votre situation de handicap.

Dévoiler votre situation de handicap demeure généralement un choix personnel. Comme mentionné dans le Guide Dévoiler votre situation de handicap du Centre d'aide aux étudiants, chaque personne a droit à la confidentialité de son état de santé. Il n'y a donc pas d'obligation légale à dévoiler votre handicap, sauf s'il a un effet sur :

Voici des exemples de questions à vous poser pour alimenter votre réflexion :

Si vous réalisez que votre situation de handicap nécessite d'ajuster l'environnement de travail ou qu'elle peut affecter votre rendement, il peut être judicieux d'en parler. De plus, si votre déficience ou votre trouble est apparent, il peut être préférable de l'aborder directement avec l'employeur pendant l'entrevue ou après l'embauche.

Dévoiler votre situation pourrait générer des craintes ou des réticences de la part de certains employeurs. En parler avec eux vous permettra de les rassurer, de répondre à leurs questions, d'apporter des nuances et d'exprimer vos besoins. Les employeurs gagnent à offrir un environnement qui rend leurs employés heureux et efficaces.

En complétant les étapes 4 et 5 de l'atelier du Centre d'aide aux étudiants, vous aurez une idée beaucoup plus précise de vos besoins et de la nécessité ou non de dévoiler votre handicap. Lisez également l'article de blogue du SDP Dévoiler ou non une situation de handicap en processus de sélection.

N'hésitez pas à discuter avec votre conseillère ou conseiller du Centre d'aide aux étudiants; elle ou il pourra vous faire des recommandations adaptées à votre situation.

J'espère trouver un milieu de stage en enseignement de la musique où la personne responsable de me superviser sera patiente et fera preuve d'ouverture d'esprit. Puisqu'avec mon TSA, je ne comprends pas les règles de fonctionnement implicites, j'ai besoin qu'on m'explique clairement les attentes dans les relations avec les collègues et les élèves. J'arrive à entrer en relation avec les jeunes, mais je ne décode pas toujours bien leur comportement. Je dois être guidée pour bien m'adapter aux imprévus. Et si l'on s'impatiente parce que je mets du temps à assimiler les consignes ou qu'on lève le ton pour me parler, j'ai tendance à perdre mes moyens. Après discussion avec ma conseillère du Centre d'aide aux étudiants, nous avons évalué les avantages de dire à mon employeur que je suis autiste.
Avec ma dysphasie, j'utilise couramment Antidote pour repérer mes fautes de français, trouver les bons mots et structurer mes phrases quand j'écris des textes. Après les discussions que j'ai eues avec mon conseiller en emploi du SDP, la plupart des milieux de travail en biologie mettent déjà ce type de logiciel à la disposition de leurs employés. Sachant cela, je ne pense pas parler de ma dysphasie à mon employeur, car je n'aurai probablement pas à faire de demande d'accommodement.

Étape 4 : trouver une première expérience

Vivre une première expérience vous permettra de :

Cette expérience impliquera sûrement de sortir de votre zone de confort. Cela peut être intimidant pour certains. Ciblez au moins une personne-ressource pour vous aider tout au long de votre passage à l'action. Celle-ci sera votre alliée. Elle doit être en mesure de vous soutenir dans la mise en place des stratégies identifiées aux étapes précédentes et de vous guider dans les actions à poser. Dans le cadre d'une recherche de stage, vous pourriez faire appel à votre conseillère ou conseiller au Centre d'aide aux étudiants et à votre responsable de stage. Dans le cadre d'une recherche d'emploi à la fin de vos études, vous pourriez être accompagné(e) de votre conseillère ou conseiller en emploi du SDP, ou encore être dirigé(e) vers une ressource hors campus pertinente et aidante. Dans tous les cas, votre médecin et votre famille demeurent également de précieux alliés.

Selon votre programme d'études et vos intérêts, les options peuvent varier :

Pour débuter votre démarche, vous pouvez :

Des obstacles pourraient survenir durant votre démarche : difficultés à décrocher une entrevue ou un poste, besoin de soutien financier pour l'aménagement du milieu, compensation à l'employeur pour une diminution de rendement ou pour une supervision plus grande, etc. Prenez alors rendez-vous avec votre conseillère ou conseiller en emploi du SDP. Il pourra déterminer si vous êtes admissible à une subvention.

Si vous aviez décidé de dévoiler votre situation de handicap à votre futur employeur, déterminez avec votre personne-ressource à quel moment vous le ferez (par exemple, lors de la convocation à l'entrevue, pendant celle-ci ou après l'acceptation du stage) et quelle sera la meilleure façon d'aborder le sujet.

Ma conseillère du Centre d'aide aux étudiants et moi avons convenu que certains aménagements, dont un environnement calme et le recours à un logiciel de correction de français, étaient essentiels pour moi. J'ai décidé de parler de ma dysorthographie à mon futur employeur. J'ai déjà fait du bénévolat en tant que trésorière pour des organismes communautaires et j'ai constaté que ce type de milieu respectait mon rythme et convenait bien à mes besoins. J'aimerais donc faire mon stage de comptabilité dans un OBNL ou une fondation. Les capacités financières de ces milieux constituent toutefois un obstacle important pour mon embauche. Par chance, mon futur employeur pourrait profiter de la subvention du SDP! En effet, après avoir évalué l'ensemble de mes besoins et de ma situation, ma conseillère du SDP m'a confirmé que j'y étais admissible. Je me sens confiante et cela m'aidera à trouver un milieu qui mettra à ma disposition l'environnement dont j'ai besoin.
Je veux réaliser un stage en sécurité informatique l'an prochain. J'ai rendu mon profil professionnel visible aux employeurs afin d'augmenter mes chances d'être recruté. Avec ma conseillère du SDP, j'ai préparé les outils nécessaires à la recherche de mon stage et j'ai pu pratiquer une entrevue. J'ai considéré la façon d'aborder mes besoins liés à l'exécution des tâches et à l'organisation de mon temps de travail. J'ai obtenu l'aide de ma conseillère du Centre d'aide aux étudiants pour déterminer les obstacles que je pourrais rencontrer dans mes déplacements et les solutions possibles pour l'aménagement de mon environnement. Je me sens maintenant plus à l'aise de discuter de mes besoins. Je sais que je peux compter sur mes deux conseillères en cas de besoin.

Étape 5 : intégrer le milieu

L'intégration au milieu de travail est une étape importante, et généralement la plus stressante. Toutefois, grâce à votre préparation, vous avez mis toutes les chances de votre côté pour réussir.

Assurez-vous maintenant d'expliquer vos besoins à votre employeur afin de faciliter votre intégration. Par exemple, réservez-vous du temps dès les premiers jours pour lui expliquer vos besoins en matière d'accommodement et présentez-lui les outils (appareils, logiciels, méthodes de travail, etc.) qui vous permettront de travailler dans des conditions optimales.

Prévoyez quelques rencontres de suivi dans les premières semaines avec votre superviseur. Celles-ci vous permettront de valider si les stratégies mises en place fonctionnent bien. De plus, cela vous permettra de faire des ajustements rapidement si nécessaire.

N'hésitez pas à impliquer votre personne-ressource dans toutes les étapes de votre intégration pour recevoir le soutien et les conseils nécessaires.

J'ai toujours apprécié les enfants, leur vivacité et leur énergie. Je me suis inscrit au baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire pour participer à leur développement. J'ai bien préparé ma candidature et j'ai trouvé un stage facilement, mais j'ai sous-estimé les obstacles auxquels je pourrais faire face. En commençant le stage, j'ai vite réalisé que le contexte de la classe n'était pas propice à mon handicap, la surdité. Dans une situation normale, mes implants cochléaires et la lecture labiale me permettent de bien comprendre les gens. Toutefois, à l'école, avec le bruit ambiant et les élèves qui parlent en même temps et qui bougent beaucoup, la communication est beaucoup plus ardue. Je suis épuisé et je n'arrive pas à me concentrer adéquatement sur mes tâches d'enseignement. Résultat : j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur. J'ai parlé de la situation avec mon superviseur et avec les enfants. J'ai maintenant des trucs pour avoir une meilleure discipline en classe et les élèves font plus attention. Je me demande toutefois si c'est réaliste de vouloir faire carrière comme enseignant.
Pour mon stage en enseignement de la musique, ma conseillère du Centre d'aide aux étudiants avait communiqué avec la responsable de stage à l'université pour que je puisse avoir une superviseure disposée à accompagner une stagiaire autiste. Cette démarche a été vraiment bénéfique et rassurante. Avant le début du stage, j'ai pu discuter de mes besoins avec ma professeure associée. Elle a pris soin de bien m'expliquer les choses, avec beaucoup de calme. Cela a grandement contribué à faciliter mon intégration et à rendre l'expérience agréable. Nous avons convenu de nous rencontrer de façon régulière tout au long du stage pour faire le point. Je suis à l'aise de lui parler et je me sens bien encadrée.

Étape 6 : faire un bilan de votre expérience

Bravo! Vous avez osé vivre une expérience pratique dans votre domaine! Maintenant, prenez le temps de faire le point et de dresser un bilan de votre expérience. Cela vous permettra de mieux savoir ce que vous rechercherez à l'avenir, autant comme type d'emploi que comme environnement de travail. Notez ce que vous devriez refaire de la même façon et quels ajustements vous devriez apporter la prochaine fois.

Posez-vous les questions suivantes :

Si cette réflexion vous semble ardue, faites appel à votre personne-ressource pour vous aider. Vous pourrez déterminer ensemble ce qui a influencé la qualité de l'expérience et si le choix de dévoiler ou non votre situation de handicap a été judicieux.

Pour la suite des choses, il ne vous reste qu'à recommencer, en tenant compte de ce que vous avez appris.

Finalement, à la fin de vos études, vous aurez à intégrer le marché du travail dans le cadre d'un emploi régulier. Sachez que des ressources externes sont aussi disponibles pour vous aider dans cette transition. À cet effet, consultez l'étape 6 de l'atelier du Centre d'aide aux étudiants.

Après mon stage d'analyste dans un ministère, j'ai reparlé avec ma conseillère en emploi du SDP. Cette discussion m'a permis de prendre conscience de tout ce que cette expérience m'avait appris, autant personnellement que professionnellement. Comme j'ai une maladie auto-immune susceptible d'entraîner fatigue et douleur, j'avais informé mon superviseur au préalable. Il a été très compréhensif et m'a permis d'aménager mon horaire en fonction de mes capacités. En respectant mes limites, j'ai pu mettre mon énergie à la bonne place et me concentrer sur mon mandat. Après cette première expérience très positive, j'aimerais vraiment faire carrière au gouvernement. Ma conseillère m'a dit qu'y avoir fait un stage devrait m'aider à obtenir un emploi régulier. De plus, je sais que la fonction publique a un programme pour les personnes en situation de handicap et je compte m'informer davantage à ce sujet.
Après un premier stage en enseignement au primaire qui a été difficile en raison de ma surdité, j'ai cru bon revoir mon choix de carrière. Pour m'accompagner dans cette réflexion, j'ai pris rendez-vous avec un conseiller d'orientation du Centre d'aide aux étudiants. Nous avons exploré des domaines connexes à l'enseignement qui me permettraient de m'impliquer auprès des enfants. Le programme de technologie éducative est susceptible de m'intéresser et de mieux convenir à ma situation.

Bon succès!